EN ATTENDANT LE PRINTEMPS
Récit d’un voyage au cœur d’un Chili rebelle
Septembre 2011
Anita Pouchard Serra
(en collaboration avec Macarena Zelada)
Traduction de l’article original « El grito de los cabros » de la revue argentine Marcha
Les pieds des chaises et des tables traversent les barrières des écoles comme les défenses d’une vieille forteresse. Les murs sont le support des cris de rue transformés en banderoles colorées. En se promenant dans les rues désertes de Santiago, un dimanche après-midi ensoleillé, notre chemin croise ces expressions urbaines de la lutte étudiante actuelle dans sa version quotidienne et sans repos : las tomas (terme désignant les lieux d’enseignement occupés par les étudiants) . Ces lieux sont la diffusion territoriale des réclamations pour une éducation publique, gratuite et de qualité ; une forme de rappel au citoyen qui se refuserait à voir un Chili qui brûle, un Chili qui semble se surprendre lui-même. Dans chaque quartier, en marchant sur le trottoir, on peut croiser des lycéens ou étudiants, en charge de la sécurité des entrées et de la collecte de fonds, permettant de subvenir aux besoins essentiels de la toma : manger, entretenir le lieu, peindre des banderoles, entre autres choses. C’est également là que se croisent les différentes opinions qui traversent la société chilienne. Andrea, 16 ans, nous décrit les réactions des passants. Quand certains s’exclament « Va travailler et retourne chez toi au lieu de rester ici », d’autres laissent tomber une pièce au fond de son gobelet, accompagné d’un sourire chaleureux....